The sound of silence – Varanasi – 23.03.13

Varanasi. Mystique, sacrée.
Indescriptible tant les ressentis sur cette ville peuvent être
contradictoires et très subjectifs.

Varanasi, chacun devrait y aller.
Certains la détesteront, la majorité l’adorera.

Ville unique au monde où la star
incontestée est le Gange, ce fleuve sacré né des cheveux de Shiva
où l’on vient purifier son corps et libérer son âme.


La vie est tournée autour du fleuve.
On y vient vers sa toilette le matin (courageux dévots qui se
plongent dans cette eau repoussante)

 
 

Ses incantations,

Son yoga, sa méditation,

ou sa lessive. Il y a des ghats
(traduction : espèce de quais avec escaliers qui descendent
dans le Gange), qui ont chacun leur spécialité. Le ghat des laveurs
en est un exemple. Mais ne vient pas laver son linge ici qui veut.
Les fils étendus destinés à sécher le linge appartiennent aux
mêmes familles depuis des générations. Oui, faire partie d’une
caste, même basse, a des avantages.

Partout des sadhus qui viennent camper
prés de la rive du Gange. Certains sont gentils mais d’autres sont
assez agressifs. Je me rends compte que ces derniers, malgré leur
statut d’ »homme de bien », sont assez mal vus par les
hindous eux mêmes.

Car les sadhus, les vrais, ne se voient
pas, ou peu. Ils habitent dans des grottes reculées que peu de gens
connaissent. Le vrai renoncement à la société se trouve là. Pas
vraiment sur les rives du Gange à alpaguer les touristes en fumant
de l’herbe toute la journée.

Mais ils resteront pour moi mes
premiers sadhus.

L’ambiance est mystique, sacrée oui.
Surtout quand on s’approche des ghats dits de crémation.

Le ressenti face aux rituels de
crémation est proche à chacun, sûrement lié à notre propre
perception face à la mort.

Les bâtiments autour sont noircis par
la fumée des bûchers, on croise avant d’y arriver quantités
d’échoppes qui vendent le bois nécessaire. Drôle d’ambiance, un
peu d’appréhension pour l’occidentale que je suis.

Et puis on y est. Les bûchers sont en
pleine action.

On pourrait y voir du sordide. Il n’en
ait rien. Les rituels sont très présents. Toujours dirigés par le
fils aîné qui pour l’occasion s’est rasé la tête. Plonger une
dernière fois le corps dans le Gange, le déposer sur le bûcher,
tourner autour 5 fois en le bénissant, allumer le feu, surtout ne
pas pleurer, car les pleurs retiennent l’âme du défunt sur la
terre (c’est pour cela que les femmes de la famille ne sont pas
admises), attendre que le corps devienne cendres, jeter les quelques
os qu’il en reste dans le Gange et partir sans jamais se retourner.
Puis le fils aîné se baignera encore dans le Gange qui lui a prit
l’âme de son être aimé pour la libérer.

Pour un hindou, mourir ici est une
bénédiction, une promesse que l’on atteindra la moksha, ou
délivrance, qu’on aura une vie future meilleure.

Tout se déroule très paisiblement, le
silence est roi et n’est brisé que par le crépitement des flammes.

Certains touristes ont l’art du
voyeurisme, sortant leur appareil photo pourtant rigoureusement
interdit, pour photographier un corps en train de se calciner. Quel
intérêt ??

Je n’ai pu m’empêcher d’engueuler
copieusement une touriste qui prenait en photo un corps.

L’intérêt ici n’est pas de voir un
corps se calciner, l’intérêt est de partager ce grave moment
d’éternité, quand l’âme se détache de son enveloppe.

Et même si l’on y croit pas, partager
cet instant de communion et de solennité est magique.

Il faut aller à Varanasi pour
comprendre. Moi c’était un de mes graal. Je n’ai pas été déçue.

L’activité autour du Gange ne s’arrête
jamais. Et quand la lumière décline, ce sont des pujas, prières
qui rassemblent les pèlerins. Face au Gange, on vénère la déesse,
on attire son énergie divine à travers danses et feus.

La lumière, le feu, sont
indissociables de Varanasi. Et se lever au petit matin pour voir la
ville depuis le Gange dans la lueur matinale est un privilège de
vivant.

Car Varanasi c’est surtout la vie. Même
à travers la mort, c’est la vie qu’on célèbre.

Et toutes les flammes présentes nous
le rappellent.

Allez à Varanasi. Déposez une bougie
et touchez du sacré.

Pour l’illustration de ce post, the
sound of silence, celui qui m’a marqué lors des crémations.

Après toutes ces émotions, je vais
faire un petit break de l’Inde en partant pour le Sri Lanka.

Merci de me lire.


Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

  1. Avatar de tania

    superbe emilie xx merci de m'avoir fait revivre varanasi!!

  2. Avatar de Unknown

    Magnifiques photos de Varanasi.Commentaires passionants.Tu me donne envie d'y aller.C'est un des endroits que je ne connais pas.Bonne continuation sur le sri Lanka.Nous attendons tes photos.

  3. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Superbe article!
    Merci encore..

    Seb

  4. Avatar de tthuaud

    Je ne pensais pas que tu allais au Sri Lanka. Je suis sûr que tu vas t'y plaire. Encore un pays où je voudrais aller 😉
    Joli post sur Varanasi mais tu l'as bien dit, il faut y aller pour ressentir Varanasi.
    Prends soin de toi

  5. Avatar de Unknown

    A travers tes commentaires tu as su me faire ressentir toute la sérénité qui émerge de cette ville
    J'espère y aller un jour avec toi

    merci

    take care ma choupinette

  6. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    j'espère que tu liras ce commentaire tardif , et pour cause, je rentre du Guatemala. je revis l'émotion que j'ai vécu à Varanasi . tu en a saisi la quintessence. Oui c'est la ville de la renaissance, de la vie, des pudjas dont l'émotion se répand en larmes. Varanasi c'est toucher le divin ;
    Mille baisers
    Mam

  7. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    SUPERBE…
    Sylvia

  8. Avatar de Unknown

    Magnifique et magique immersion à Varanasi, qui donne juste envie de
    prendre un billet et d'y plonger …
    Merci 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *