Entre deux bus de nuits (traduire deux nuits blanches), je me retrouve à nouveau à Bangkok pour quelques heures en attendant de repartir vers le Nord.
Pour tuer ces quelques heures, et après un massage bien mérité (ça c’est pour vous énerver..), je me mets à la recherche d’une librairie mentionnée dans le LP. Je trouve la rue, je passe et repasse mais ne vois pas la librairie en question.
Me vient alors la saugrenue idée de demander de l’aide à un thaïlandais. Suis-je folle..
Comme ils ne parlent pas anglais, je choisis de m’adresser, dans cette même rue, à un mec qui tient une petite agence d’information pour touristes. Je lui demande donc la précieuse adresse qui doit être à moins de.. 30 mètres de sa petite office.
Ce à quoi le gars me répond, sans même daigner lever la tête de son ordinateur : « Je ne sais pas, je ne lis jamais de livres. ». Et Vlannnn. Son ton veut que je n’insiste pas. La conversation est close.
Je trouve enfin par mes propres moyens la fameuse librairie. Pas de chance, ils n’ont pas mon bouquin. La nana n’est pas très enclin à m’aider, elle non plus.
Finalement, dans un effort que je qualifie de surhumain à noter son très long soupir, elle se dirige vers le téléphone et appelle une autre librairie. Cette dernière a mon livre et veut bien me le réserver.
À peine elle raccroche qu’elle m’exhorte à prendre un taxi pour y aller « NOW !! » sinon ils vont pas me le garder blablabla.. OK je veux bien y aller mais je lui demande alors quel bus prendre car je n’ai pas d’argent pour le taxi.
Sa réponse : « Si tu n’as pas d’argent pour prendre un taxi alors rentre dans ton pays !!! ». Sur une échelle de 0 à 10, je qualifierais son agressivité de 8,5. Un séisme d’énervement secoue mes tempes.
L’explosion est proche.
Et là, je me dis que ce voyage m’a fait un peu de bien quand même car il y a peu, face à une telle situation, je lui aurais répondu, le ton serait monté, les livres de son bureau auraient valsé et je serais partie en courant avant qu’elle ne veuille me frapper. (voir mon expérience à
Pondichery)
Mais là, peut-être aussi par l’effet de surprise d’une telle agressivité non justifiée, je suis restée très con, et suis partie aussi sec. Inutile de préciser que je ne suis pas allée chercher ce maudit bouquin.
Je me suis posée dans un boui boui dans la rue pour manger, encore sous le choc. Et je me suis posée la question alors que mon bus était dans quelques heures : »Mais pourquoi t’escrimes-tu à rester dans ce pays dont les habitants ont une si peu considération pour les étrangers ? Pourquoi ne vas tu pas directement au Laos dont on t’a dit le plus grand bien ?».
Masochisme ou entêtement de ma part ?
Pourquoi je cherche absolument à trouver un moyen d’aimer ce pays alors qu’il me résiste depuis les premières minutes ?
Puis la cuisinière est venue m’apporter mon plat. Elle m’a souri. Le plat était délicieux. J’ai décidé de rester.
Et je suis partie dans le Nord. Pas à Chang Mai, pas à Chang Rai. Touristiques, et chers.
Je choisis Mae Sariang, 10 000 habitants, près de la frontière birmane (décidément, je ne veux pas le lâcher ce pays!).
Je découvre ce petit village dans la nuit, à 5 heures du matin. Je marche dans la rue où ma GH se trouve. Il n’y a personne. L’éclairage est minimaliste. La brume rajoute une ambiance étrange. Cela sent le feu de bois.
Je me vois dans cette rue sombre, embuée, en tirant ma valise, fatiguée. Et je me dis que j’aime ça, voyager..
Et même si au petit jour la ville offre une autre ambiance, j’ai beaucoup apprécié mon séjour ici.
Les gens sont plus aimables, normaux en fait..
Mais c’est surtout les villages dans les environs qui valent le coup.
Car Mae Sariang est une excellente base pour aller visiter les tribus, notamment Karen qui peuplent les montagnes environnantes.
Ce gros village au bord d’une rivière n’est pas encore une destination touristique donc les villages ethniques alentours sont préservés. Pour l’instant..
Rendez-vous dans 5 ou 10 ans pour vérifier si l’écotourisme prôné ici a réussi à éloigner les effets néfastes du tourisme.
En attendant, c’est avec bonheur que je découvre les Karen, la plus importante ethnie en Thaïlande.
Alors que je me rends d’un village à une autre avec mon guide Piak (un drôle de personnage lui aussi..), je prends conscience que la sensation de feu de bois de mon arrivée à Mae Sariang n’était pas due au hasard.
Mais ce n’est pas le feu de bois-cheminée que j’imaginais.. C’est du feu de bois grandeur nature vu que les habitants pratiquent la culture sur brûlis.
Bon et puisque ici cela est autorisé et que je suis toujours frustrée de ne pas avoir pu le faire en Birmanie, j’en profite pour rester une nuit dans une des familles qui nous a invité.
Les maisons traditionnelles ne diffèrent pas de celles des villages visités en Birmanie. Une maison sur pilotis avec large espace véranda devant. À l’intérieur, une seule pièce pour tous. Cuisine feu de bois au centre de la pièce. Et c’est tout. Et cela suffit.
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La grand-mère et le petit dernier de la maison |
Ma latte est déroulée près du feu pour avoir chaud. J’ai la place d’honneur. Les hommes dormiront dehors sur la véranda. C’est la tradition quand il y a un invité.
Le problème c’est que dans ces maisons, il n’y a pas vraiment d’aération. Pas de fenêtres.. La fumée envahie la pièce, je suffoque et les yeux me piquent.
Et malgré les couvertures prêtées, je me réveillerais transie de froid.
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Mon lit |
La majorité des Karen sont animistes. Ils croient aux mauvais esprits et protègent leur maison et leur champ de drôles de sculptures en bois avec parfois quelques plumes de poulet qui traînent, signe qu’ils ont sacrifié un poulet..
C’est aussi pour se protéger qu’ils portent la couleur rouge, censée aveugler les esprits qui donc ne viendront pas vous déranger.
S’il vous arrive quelque chose dans la vie, ce sera la faute des esprits. On pratique donc des cérémonies, des sacrifices, des incantations.
J’ai participé à la fin d’une d’entre elles mais les participants étaient plus possédés par l’alcool que par les esprits. Et j’ai évité de peu un mariage forcé avec le chef du village.
Dans un des hameaux, une grand-mère me prodiguera même quelques formules destinées à me porter chance et m’enroulera autour des poignets un fil de coton blanc, symbole de ma protection contre les mauvais esprits.
Bon je parle beaucoup des gens mais il ne faut pas oublier la nature non plus! Car la visite de belles chutes d’eau vient compléter ces quelques jours très agréables à Mae Sariang.
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Figuier éttrangleur………. |
Comme quoi, non!!!! Je veux pas retourner dans mon pays et j’ai bien fait d’insister..
La grande Aretha qui chante le titre de mon post.
Merci de me lire.
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