Sacrifice – Bastar- 05.03.17

Dans l’état du Chhattisgarh, le district de Bastar plus au sud me semble le plus riche en minorités et c’est pour cela que j’y consacre une pleine semaine.

De raipur, 7 heures de bus me permettent de rallier Jagdalpur, la plus grande ville de Bastar. C’est là ou m’attend Shakeel, mon guide pensant ces quelques jours.


Comme d’habitude, je précise à ce dernier mes attentes en ce qui concerne la découverte de ces villages alentours.
Même si la région du bastar n’accueille que peu de touristes, je lui demande de m’emmener dans des villages où il n’a pas l’habitude d’emmener mes compatriotes globe trotteurs, et ce afin de privilégier les rencontres. Mon expérience en Asie m’a permis de comprendre que c’est dans ces conditions que j’ai vécu mes plus beaux moments.

Dont acte.

Shakeel pour ce premier jour m’emmène à un festival dans un village. Chouette ! Des femmes et des hommes qui dansent dans leurs plus beaux habits, de la couleur, de la musique, j’ai hâte de découvrir cette fête.

On arrête la moto près d’un petit chemin et mon guide me demande de le suivre. On marche quelques instants dans les champs et on arrive au milieu d’une réunion où ne sont présents que les hommes. Un autel est bâti et je vois quelques hommes s’affairer devant avec des poussins, des poules et du riz ; les offrandes. L’ambiance est assez silencieuse.
C’est bien loin de l’image que je m’étais faite et je ne suis pas très à l’aise entourée que de ces hommes. En plus, je n’ai que très peu d’explications sur le pourquoi de cette cérémonie.
C’est alors qu’une chèvre est amenée, collier de fleurs autour de son cou. Elle est belle..!
Shakeel m’annonce alors doucement qu’ils sont sur le point de la sacrifier.

Ouhhhh la, problème pour bibi. Je n’ai pas du tout mais pas du tout envie de voir cela.
Et je quitte le champ de bataille à vitesse grand V.
Quand je reviens, la tête pleine de sang trône à coté de l’autel.

Shakeel sent bien que je ne suis pas vraiment en train d’apprécier le spectacle et nous partons peu de temps après.

Et mon guide commence à me dire qu’il ne comprend pas que je sois partie au moment du sacrifice. Je suis bien là pour découvrir non ?

Et en plus je suis carnivore !
J’avais beau lui expliquer que la vue du sang me faisait défaillir, il a eu du mal à comprendre. Et me voilà privée de festival car il me dit qu’il y a toujours des sacrifices lors de ces événements! Chochotte que je suis!

Mais cela m’a permis de me questionner. Est-ce que ma soif de découverte est assez importante au point de faire fi de mes peurs, mes appréhensions et parfois de mon indignation ?

Si je vais au Vietnam, dois je manger du chien ? Si je vais en Afrique, dois-je assister à une excision ?

Il me semble au terme de cette réflexion que ces différences ne peuvent être tolérées à défaut d’être intellectuellement acceptées qu’à la condition d’une explication complète, nécéssaire à la compréhension.

Or, dans ce cas, je n’avais pas été préparée en amont et au final ma réaction a été le rejet de la vision de ce sacrifice.
Et encore, s’ils avaient tuer la bête d’un coup sec mais là, une décapitation…

Bref, cette première expérience n’a pas été de mon goût et j’espère me rattraper dans les prochains jours.

Pour un aperçu rapide de l’ambiance de cette cérémonie (sans le sacrifice donc), voici cette très courte vidéo.

Ce district du bastar est riche en marchés dans les villages. Une fois par semaine, les minorités viennent vendre leurs marchandises, essentiellement des fruits et légumes mais aussi des objets en bambou, de l’alcool, de l’artisanat local. C’est aussi l’occasion pour elles de se ravitailler en objets du quotidien.

C’est donc un vrai régal pour les yeux, l’ambiance est grouillante sous une chaleur toujours aussi infernale. C’est une formidable manière de découvrir les visages de ces femmes qui ont majoritairement la particularité d’être tatouées.

Bon lui, il voulait absolument que je le prenne en photo.. 

Mais mon but ici est de découvrir les villages, les histoires de ces hommes et femmes qui les composent, d’essayer de comprendre un minimum leur culture, leur façon de vivre.

Le problème est que Shakeel n’a pas compris ce que je voulais et m’emmène de manière automatique chez les gens qu’il connaît en me disant de les prendre en photo. Mais ça, ce n’est pas ma façon de faire. D’abord, je partage, ensuite, s’ils veulent je prend la photo.
Une photo sans histoire n’a aucune saveur à mes yeux.

On s’arrête chez un vieil homme de la tribu des darwha. J’essaie de m’intéresser à lui vu que Shakeel ne me présente pas et qu’il s’engage très vite avec cette homme dans une conversation qu’évidemment je ne comprend pas. Mais malheureusement, Shakeel ne met pas du sien pour favoriser les échanges. Et je suis sommée de prendre des photos. Car c’est bien pour cela qu’on est venus. Ben non, en fait. Je m’en fous de la photo. Elle n’aura aucun âme.

Ah et puis j’ose demander au vieil homme s’il veut bien que je le prenne en photo. Ce sera au moins un échange. Mais Shakeel me dit non, on ne demande pas ici. !??!?? C’est quelque chose qui m’a répété souvent. « A quoi ça sert que tu demandes, ils ne te comprennent pas de toute façon ». À la énième fois qu’il me dit ça, je suis obligée de lui rétorquer que le langage universel existe, que si je leur montre l’appareil en leur faisant comprendre avec un sourire que je veux les prendre en photo, ils comprennent, ils ne sont pas stupides !
Et d’ailleurs, quand je le fais ça marche, et cela a toujours tendance à susciter des rires de leur part. C’est quand même moins froid qu’hop, un click et ciao !

La photo dudit vieil homme

J’arpente donc quelques maisonnées avec mon guide ainsi mais à chaque fois c’est pareil, il n’y a que très peu d’échanges. Je pose quelques questions mais qui ne sont pas relayées par Shakeel (quand je pose une question qui entraine une conversation de 10 minutes entre eux et qui me répond ensuite par 5 mots, je ne comprends pas très bien..)

Bref, je ne trouve pas ma place et j’ai plus l’impression d’être une plante verte à coté de mon guide qui papote qu’en train de découvrir les us et coutumes de ces minorités.

Pas de curiosité de leur part, pas vraiment de sourire engageant, je trouve cela intriguant. De part mes voyages je suis allée dans pas mal de zones tribales où j’ai toujours été chaleureusement accueillie. Ici, rien.

Quand j’en fais part à Shakeel, il me dit que c’est comme ça, que les gens ici ne sont pas avenants. Mouais… pourtant il suffit que je sois seule pour que je puisse partager des rires avec la voisine, même situation avec une femme au marché.
Est-ce vraiment les gens ici qui vivent repliés sur eux ou bien Shakeel aurait tendance à emmener ces clients toujours aux mêmes endroits donc les locaux ont déjà assouvi leur curiosité?

Quelques instantanés:

Je n’aurai pas réponse à ma question puisque je décide d’orienter mon séjour ici vers un tout autre sujet qui aura sa place dans le prochain post. Je suis trop déçue, le Bastar étant pour moi le moment phare de mon voyage dans la découverte des ethnies, j’ai l’impression d’avoir raté ce rendez-vous.

Puis, Shakeel me propose de dormir dans un village dans la forêt à 2 heures de route. D’accord, c’est un village où tu n’emmènes pas les touristes ? Si, mais je n’ai emmené que peu de touristes là bas.
D’accord, mais est ce qu’on peut aller dormir dans un autre village peut-être ? « Mais enfin, on ne peut pas dormir chez les gens comme ça, sans les connaître ! ». Donc, cela a été possible pour moi partout en Asie, mais ici dans la région du bastar, non.
Je pense plutôt que mon guide a ses habitudes et qu’il n’aime pas y déroger. Je le bouscule trop. Et au final nous allons dormir dans ce village de la tribu des Gonds.

Regardez la vidéo, c’est une expérience assez sympa au final, tellement à l’opposé de note façon de vivre.

En revanche, en terme de partage, même si les gens étaient adorables, ce n’était pas ça. D’une part parce que je n’étais dans une maison qu’avec des hommes. Or, j’adore partager des moments avec les familles, les enfants étant ce que j’affectionne le plus ici.
D’autre part, parce que je sais qu’ils ont chanté et dansé non pas pour me faire plaisir, mais bien parce que Shakeel leur demande à chaque fois qu’il y a un touriste en échange de quelque monnaie ou services rendus.
Authenticité 100%, je ne remets pas du tout cela en question, mais spontanéité 0%.

Je sais que Shakeel fait beaucoup pour ses minorités, c’est un référent pour des centaines de gens la plupart illettrés qui sollicite son aide. Je l’admire beaucoup pour ce travail. En revanche, comme guide, en tout qui en ce qui me concerne, il ne m’a pas écoutée et donc comprise.

Mon porte folio de sourires car oui, il y en a quand même !

Merci de me lire en espérant que vous avez apprécié les vidéos !

Infos pratiques :
Bus Raipur- Jagdalpur : 350 rs – 7 heures de trajet. Préférez une place sleeper où vous pouvez vous allonger (au dessus des gens assis).
Hôtels jagdalpur :
Hotel Devansh Residency :1500 rs chambre simple avec clim eau chaude, wifi et pdj – assez confortable donc.
Hotel rainbow. 1050 rs chambre simple avec ventilo et eau chaude. Wifi à la réception.

Si vous souhaitez contacter Shakeel : vous pouvez le faire via Facebook sur sa page Shakeel Rizvi.


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Commentaires

  1. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Bon, même si tu as un peu déçue, tu nous a ramené de belles photos! Et la vidéo de ta nuit dans ce village est super (la cascade c'était pas ça mais bon..) 🙂
    Au plaisir de te lire!

    Agathe

  2. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    alors je recommence.
    ce guide est têtu comme une mule , on lui pardonne , un peu , dans la mesure où il aide ces villages.
    et le water fall a sec ! il le savait déjà. tu pourras lui dire que je ne le félicite pas sur ce coup.
    une expérience de plus à ton tableau, même si elle ne m'a pas fait rêver .
    je suis étonnée que tu n'aille pas a Kadjurao, moi j,avais bien aimé même si c'est très touristique.
    1000 baisers

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