Paradise – Île de Bantayan – 15.05.12

Afin de préparer la suite de mon parcours pour les prochains jours, je reste deux jours à Manille mais je n’ai qu’une envie : la fuir.

Cette capitale qui me fait plus penser à Mexico D.F qu’à une ville asiatique provoque en moi une colère que je n’avais ressentie dans aucune autre ville.


D’abord la pauvreté. Cette saloperie qui pousse les gamins à dormir dans les rues pendant que leur mère tapine. C’est une pauvreté différente encore de l’Inde. Et peut être que celle-ci m’écœure encore plus s’il est possible d’avoir des degrés dans l’horreur. D’un coté : centres commerciaux, temples de la nouvelle consommation à outrance qui frappe les philippins, avec air conditionné et néons tapageurs. Réservés qu’à ceux qui sont propres sur eux. Vigiles à l’entrée pour refouler les indésirables.

De l’autre, les intouchables des Philippines. Ceux qu’on ne regarde même plus. Pourquoi faire ? Pour avoir des problèmes ??

Peut-être ce contraste, cette frustration de ne pas avoir droit à ce que l’on leur agite devant les yeux crée cette violence chez les plus pauvres. On la perçoit dans leurs gestes vifs, on la devine dans leur regard fatigué et affûté d’humains qui n’ont plus rien à perdre. Ils font peur. Ils me font peur. Car capables de tout.

Manille, repère de miséreux.

Et puis.. Il y a la prostitution. Certes, elle existe dans tous les pays d’Asie et si je n’ai jamais exploré les bas-fonds des nuits asiatiques, c’est aussi pour éviter de m’y retrouver confrontée.

Mais à Manille, cette prostitution s’étale en plein jour. Pas celle, glauque, qui s’affiche sur les trottoirs à la nuit tombée.
Non, celle-là  même qui autorise les vieux degueu à «acheter» une philippine à peine majeure pour se trimbaler avec. En lui octroyant l’immense honneur de l’inviter à un sundae caramel chez McDo un samedi après midi. 40… 50 ans les séparent.

Horreur absolue.
Leur perversité se lit dans leur sourire lubrique. Je les vomis.
Leurs vieilles années dégoulinantes, leurs cheveux gras, leurs dents gâtées, leur tour de taille obèse, leurs chaussettes blanches remontant au niveau de la cheville. Je les vomis.

Et à chaque fois que j’en croise un, je l’assassine du regard. Je prends ma mine de dégoût la moins ambiguë possible et toise le médiocre. Et j’attends. Il sait que je l’observe avec insistance.

Aucun n’osera soutenir mon regard.

Ils ont compris qu’ils ne valent rien. Même pas un de mes regards tueurs. 

Manille, repère de retraités pervers.

Vite, donc, partir !

Oui mais où ? Pendant deux jours, je cherche l’île idéale qui me permettra de me reposer (oui, me reposer!! Même en voyage, on a droit au repos!) avant de partir plonger.

Laquelle choisir parmi les 7000 îles des Philippines ?

Une île avec de belles plages de sable fin, une eau turquoise, avec un minimum d’infrastructures touristiques mais pas trop de touristes, et qui ne soit pas trop loin de mes prochaines destinations plongée. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin..
Oui mais mon obstination a du bon ! À force de chercher cette perle rare, je l’ai trouvée. Son nom : l’île de Bantayan dans l’archipel des Visayas, à l’extrême nord de Cebu.

1 heure d’avion + 3 heures de bus + 1 heure de ferry et me voilà sur cette île.

Et je ne me suis pas trompée. Cette île est juste superbe et il n’y .. personne. Aucun autre touriste blanc rencontré, seulement quelques touristes philippins et c’est tout. J’élis domicile au Beach Placid Resort dans une petite cabane spartiate. Et j’ai la plage pour moi toute seule !
Heureuse.

Oui bon.. il y a des canards aussi!

Ah.. et des veaux aussi..
Quand je vais me baigner.. pour le coup, il n’y a vraiment.. personne.

y a quelqu’un?? Bahhh.. non! 🙂

Le bonheur est dans le bleu.

En dehors de quelques resorts modestes, quelques villages parsèment la plage, si longue que je n’ai pu aller jusqu’au bout. Il faut dire que je suis souvent sollicitée par les enfants sur le trajet. Le premier jour, j’ai dit mon prénom à un groupe de petites filles. L’après midi en me promenant sur la plage, c’est tous les gamins qui m’appelaient «Emilie » par ci, «Emilie» par là tout en agitant les bras pour me dire bonjour ! Ils m’invitent à jouer avec eux dans l’eau.
Et je me laisse souvent tentée par une pause baignade en leur compagnie avant de reprendre ma petite ballade sur la plage.

Et je découvre enfin les bangkas, ces bateaux à balancier typiques des Philippines et qui me font penser à ces araignées de mer se balançant agilement à la surface de l’eau.

Entre lecture, ballade, et baignade sous une chaleur de plomb, la vie est (très) douce ici. J’aime beaucoup cette île.

Je prendrai un bangka pour visiter quelques îles alentours. L’île en face, Hilantagaan est une petite île peuplée de pécheurs et où les enfants se baladent avec des crabes en laisse. (!!)

J’aurais aimé passer plus de temps sur cette île. Peut être rester une nuit chez l’habitant. Leurs conditions de vie que je n’ai fait qu’effleurer semblent difficiles.
Je ressens ça dans leur yeux fatigués que même leur sourire n’arrive pas à illuminer tout à fait.

Voilà en tout cas une belle petite île que j’ai envie de découvrir.

Enfin j’irais sur « Virgin island ». Cette île inhabitée est, elle aussi.., magnifique.
Mes yeux n’en peuvent plus de se régaler de si belles perspectives.

Virgin island, on y vient pour passer la journée en amoureux ou en famille.

Alors, étant seule, je me suis vite faite adoptée par une famille philippine qui encore une fois m’a nourrie. Poisson frais qu’on a fait griller au barbecue. Un délice. Ils m’ont tellement servie et resservie qu’on était proche du gavage.
Mais MERCI à eux pour ces quelques heures passées en leur compagnie.

Enfin, je louerais un scooter pour explorer l’île de Bantayan de 11 km sur 16 km. Histoire aussi d’aller faire un tour dans les mangroves sauvages.

Mais je n’ai pas exploré cette île autant que j’aurais pu. Exprés. Comme tous les endroits que j’ai aimé, je m’en laisse sous le coude pour la prochaine fois. Car je reviendrai ici, c’est sûr. Si possible avant que l’île ne devienne la nouvelle Boracay..

Eglise saints Pierre et Paul (Et Jacques?? Pardon, je sors…)

Derrière cette église, juste dans la cour du couvent, à coté des soeurs, on trouve.. un terrain de basket.
Ils sont partout. Tous les 100 mètres, hop, un panier de basket. C’est LE sport national.
Et quand je les vois dans les endroits les plus incongrus, je ne peux refreigner un sourire.

Toujours mes beaux tricycles.. Et mes beaux sourires.

Bantayan Island : un petit coin de paradis sans l’agitation touristique. Être enfin près de la mer me fait beaucoup de bien et je passe mes journées dans l’eau. Un seul bémol : aucun site de snorkeling vraiment digne de ce nom.

Mais bon, c’est pas grave. Là, moi aussi, je vais plonger !

Pas d’autre titre ne peut illustrer ce post.. Paradise.

Merci de lire une privilégiée qui fête dans quelques jours ses 6 mois de voyage.


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Commentaires

  1. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Ouais, ouais, une plage quoi… y'a les memes vers dunkerque ….
    Ah, il grele ici (je plaisante pas)… C'est la mousson à Paris… Juste pour ton post. C'est parfait. La vie est par-faite ;-).
    Gros bisous, enjoy,
    JC.

  2. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Hé bien quel contraste Mimibulle ! je t'admire ! Je ne sait pas comment tu fait pour endurer tout ça ! (Je parle bien évidemment de la 1ere partie de ton post ! Car la seconde partie c'est que du bonheur !) Moi en tous cas je ne pourrais je pense pas supporter de voir une tel pauvreté… où alors je pleurerai… Bravo !
    Et je comprend bien ton repos sur cette île qui à en effet l'air paradisiaque !
    à bientôt !
    @ude
    PS : déjà 6 mois ! truc de fou !

  3. Avatar de CyaN
    CyaN

    Voilà, voilà… j'ai versé ma larme. Non pas parce que tout ça est d'une beauté incommensurable – même si ça l'est – mais bien parce que j'ai terminé ce post en regardant par ma fenêtre, pour y trouver du gris à perte de vue, y ressentir le froid du dehors, et cette pluie, qui démoralise et démotive.
    Voilà, voilà… bien content d'être rentré, hein.

    Oh, et ce panier de basket improvisé est juste extra. Même les vaches s'y adonnent, c'est dingue ça.

  4. Avatar de Unknown

    Ma choupinette!

    Bon contrairement aux parisiens, nousa vons le soleil et le mistral donc ça va mais ça ne vaut évidemment pas ce pti paradis terrestre qui me donne envie de pleurer tellement c beauuuuuuuuuu!!!!!

    profite pour nous même si je préfèrai être avec toi

    Love xoxo

  5. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Nous c'est dans Pékin Express que l'on découvrira les Philippines (ses routes ;o( )

  6. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    ben oui c'est beau et ce mot est bien fade pour exprimer cette beauté même si la vie n'y est pas facile et il vaut mieux être pauvre sur une plage idyllique qu'au milieu des temples de la consommation. Belle balade est un euphémisme .
    milles baisers.
    Mam

  7. Avatar de Anonyme
    Anonyme

    Vraiment content de te voir rayonnante, sur cette île splendide à souhait, parmi les locaux et de te sentir heureuse..
    6 mois déjà…
    Je dis "déjà" mais en fait ça n'est passé si vite que ça! Tu me manques…

    Chou

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