reprends la route pour l’Inde, direction les États du Nord Est.
Et je comprends vite que cela ne va pas
être de tout repos dès mon avion depuis Delhi pour Guwahati, capitale
de l’Assam.
À l’enregistrement, l’employé me
regarde d’un air mi-sarcastique, mi- amusé.
– « Euh… oui »
– « Vous êtes toute seule? »
– « Oui… »
– « Pas de groupe ? »
– « Non.. »
– « ok… » (grand sourire
du comparse qui veut clairement dire que c’est pas commun de voir des
touristes seuls se rendre là-bas et que je t’interprète également
comme : tu n’es pas dans la merde.. )
fermés aux touristes indépendants, il fallait un permis qui n’était
délivré que si l’on voyageait en groupe et en passant par un tour
opérateur.
librement aller dans cette partie éloignée du pays ; c’est
donc une inde hors des sentiers battus que je viens chercher là.
quelconque, qui ressemble à n’importe quelle ville indienne.
Vraiment pas une belle entrée en matière. Je me balade un peu mais
non, elle me donne pas envie. Je retourne vite à mon hôtel hors de
prix qui n’a de seul intérêt que d’avoir du wifi. (et j’en profite
car en matière de communication, ça va pas être facile. Même
mon tel indien acheté à Delhi ne fonctionne pas ici.)
réserve de Kaziranga, à 6 heures de bus. Heureusement, le
propriétaire de la GH où je loge m’informe qu’il est justement à
Guwahati et qu’il retourne demain à Kaziranga. Je profite donc de sa
voiture climatisée gracieusement. Deux inconvénients cependant pour
l’ingrate que je suis : Mr. Manju adore parler (mais vraiment
beaucoup.. Il serait pote avec ma « copine » canadienne
rencontrée à Udaipur) et quand Mr. Manju ne parle pas, il met à
fond de la musique traditionnelle. Mais vraiment très fort car Mr. Manju est un peu sourd..
laquelle c’est la globalisation qui assassine la culture. Que demain
nous serons tous habillés pareils, dans les mêmes maisons, à
vouloir les mêmes choses. Que si on construit la nouvelle route qui
relie Kaziranga, c’est grâce aux subventions des compagnies
américaines qui nous feront acheter alors de belles voitures US pour
rouler dessus.
puisqu’on a le temps me dit-il , pourquoi ne pas aller à Tezpur
qui est à peu prés sur le chemin ? Et en plus sa femme y
travaille. Mr. Manju veut tout me montrer, tout m’expliquer. On
s’arrête au country club du coin, on est reçu par le Directeur qui
me fait visiter fièrement son bastion poussiéreux crée par les
anglais en 1875. Il faut que je fasse preuve de beaucoup
d’imagination pour me représenter les 3 courts de tennis qu’il me
montre dans le jardin tant ils sont délabrés. Mais chaque année
m’explique t’il, il y a un tournoi au terme duquel le vainqueur peut
prétendre à la « coupe de la théière ».. Le mec qui
arrive à jouer sur ce terrain de tennis pseudo-imaginaire, il doit
être très fort selon moi..
maison d’un local, et enfin, on s’arrête chez sa femme qui fait
préparer un déjeuner bien mérité.
commence à être fatiguée et me dit alors qu’il faut rentrer, qu’il
faut que je me repose et que même du coup, il ne me compte pas la
nuit dans sa GH (??!!).
au lieu des 5 initialement prévu que j’arrive à la fameuse GH,
exténuée mais cependant heureuse d’avoir partagé cette journée
avec ce bavard aux goûts musicaux improbables.
Qu’une seule envie cependant, dormir..
Un peu comme lui. |
parc national de Kaziranga.
Des petites biches,
Des éléphants qui ne se soucient pas
le moins du monde de traverser la route..
Et les rhinocéros. Car ce sont eux qui
font la fierté du parc, ces rhinocéros indiens qui ont la
singularité de n’avoir qu’une seule corne.
Les braconniers viennent régulièrement
les massacrer et une escorte armée est obligatoire. D’une part pour
déglinguer les éventuels braconniers qui ont tué plus de 110
rhinos l’année dernière (contre 4 braconniers tués par les gardes)
et d’autre part pour faire reculer les éventuels rhinos qui
voudraient charger les jeeps. (ça arrive fréquemment mais un coup
en l’air les font en général partir..)
d’avoir vu pour la première fois des rhinocéros, comme une gamine
qu’on emmènerait au zoo sauf que je suis jamais allée au zoo et que
je préfère avoir attendu l’age que j’ai pour voir ces animaux en
liberté.
soudainement l’ordre au chauffeur de s’arrêter, on dirait un chien
de chasse qui s’immobilise pour mieux entendre d’où vient le
gibier. Il sent, il voit quelque chose au loin. Armé de ses jumelles
il scrute et crie calmement « tiger !!! tiger !!!! ».
Il est tout excité, me passe les jumelles et je vois enfin le tigre
allongé tranquillement dans l’herbe. Il se roule, pattes en l’air,
se prélasse, se fait dorer le pelage sous le soleil déclinant..
du Bengale auquel je ne m’attendais pas.
trop loin, je n’ai que des floues que je sortirais à ceux qui
douteraient de ma rencontre si rare.
« là, deux autres tigres !! ». Voir un tigre est
déjà un événement en soi alors 3 d’un coup ! Mon guide est parcouru de frissons orgasmiques. Son bonheur est communicatif. Il
appelle alors ses potes guides qui déboulent dans les 5 minutes avec
les touristes avec. Manque de pot pour eux, les tigres sûrement
gênés par ce déballage de curiosité bizarre des animaux à deux
pattes, se barrent.
un safari sacrement réussi…
valise ailleurs et je choisi l’île de Majuli, à 3h30 de Kaziranga
en bus + 1h30 de ferry.
humains entassés. J’ai quand même réussi à me poser sur le toit
où je devrais répondre à tous les curieux d’où je viens, et
pourquoi, etc..
et j’apprends que l’île célèbre sa dernière journée de festival.
C’est donc pour moi l’occasion d’y aller faire un tour. Étant la
seule touriste à des kilomètres à la ronde, je suis même invitée
à assister aux festivités dans la loge d’honneur près des élus
locaux.
aussi des états voisins sont venues : mising, deori, sonowal
kachari, nepali et autres.
Ils viennent représenter leur culture
sur scène. C’est assez étonnant parfois.
Depuis mon arrivée dans l’Assam, je
suis surprise par tous ces visages si différents du reste de l’inde.
Le flux des migrations. Des visages que l’on pourrait voir en Chine,
au Tibet, au Népal, en Birmanie. Cette mixité est étonnante. Je ne
sais plus vraiment où je suis.
unique, basé sur la dévotion envers le Dieu Vishnu. Les moines qui
logent dans les monastiques appelés Satras sont réputés pour leurs
chants et danses. Curieusement, ils peuvent garder les cheveux longs et c’est la
première fois que je vois des moines habillés en blanc en Inde.
une des plus grandes au monde, encerclée par le fleuve Brahmapoutre.
provoque la longue agonie des terres qui s’effritent pour mourir
dans le fleuve. Depuis 1950, 1/3 (ou 2/3 ? je n’ai pas bien
compris) de l’île a disparu.
Et d’ici 50 ou 100 ans, on prévoit
carrément sa disparition.
ce bout de terre paraissent bien dérisoires.
En tout cas, c’est une île où le vert
domine à travers ses immenses rizières, parsemées de mini-lacs où
l’on vient pécher.
ou bien laver son linge.. |
parcours une bonne partie de l’île de Majuli. Partout l’accueil est
chaleureux. Ce n’est pas souvent qu’ils voient un étranger. Mon
guide leur dit que je viens de France mais certains ne savent même
pas ce que c’est que la France. Alors, je suis juste « l’étrangère ».
l’occasion, je m’arrête dans une école.
Puis c’est une femme de la tribu des
Deori qui nous invite un peu plus tard chez elle où elle me force à
boire son alcool de riz fait maison (que je jetterais discrètement
lors de son absence.. impossible de boire ça. Mais mes talents
d’actrice ont bien fonctionné et elle a été ravie que j’aime ça
au point qu’elle a voulu me resservir.. )
Enfin, au bout d’une route très
tape-cul, on arrive dans un village de la tribu des Sonowal Kachari.
Je suis la provenance de sons de tambours. J’arrive dans une salle où
des petits apprennent une danse. Ils ne s’arrêtent pas, ils
continuent pour moi, et le visage de leur professeur à peine pubère
est empreint d’une fierté non dissimulée.
où je suis invitée dans l’une des maisons. Ce sont des maisons
simples, comme j’ai pu voir ailleurs, mais beaucoup plus grandes. 13
personnes d’une même famille vivent d’ailleurs là. Pas loin, le
métier à tisser.
m’explique comment filer du coton, tout le monde est réuni. On danse
pour moi en riant, on m’invite à rester la nuit. Ces gens sont
adorables.
nous raccompagner.
L’île de Majuli : un joyau bientôt disparu ?
pas trouver mieux que le titre de cette chanson « l’étrangère »
de Léo Ferré.
Merci d’avoir lu ce long post.
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