Après 2 jours passés à Ranong, ville frontalière thaïlandaise sans intérêt, me voici repartie pour 6 jours de plongée en Birmanie, parmi les 800 îles de l’archipel Mergui.
Le bateau est super : hamac, barbecue et kayak à bord. Nous ne sommes que 5 plongeurs + 2 guides. Les tous nouveaux propriétaires, un jeune couple de français, sont chaleureux et accueillants.
Bref, cette croisière s’annonce super malgré la tempête qui accompagne notre départ dans la nuit.
Mais rien de bien méchant et le lendemain, levée aux aurores pour la première plongée, je profite du soleil levant.
Premier briefing, premier avertissement : ici, il y a du courant. OK, j’ai déjà plongé avec du courant, je vais gérer, pensais-je.
Première plongée : aucune visibilité, un courant violent et un guide qui part à toute vitesse vers le fond. Avec mes petites palmes pas du tout adaptées à ces conditions , il me faut pas plus de 5 minutes pour me retrouver.. toute seule au fond de l’eau.
Et là, je peux vous dire que je n’ai pas du tout apprécié ce moment de solitude. Être ballottée par le courant, ne rien voir à plus de 5 mètres, chercher désespérément le moyen de retrouver votre groupe : voilà les ingrédients de ma première plongée en Birmanie.
Je remonte seule en essayant de ne pas paniquer mais je me dis que cela commence mal.
Je suis secourue par un des petits gars du bateau et retrouve le reste de ma palanquée qui ne me voyant plus est remontée à la surface.
2ème essai. Cette fois, je ne perds personne mais c’est foutu, la peur de me perdre à nouveau ne me quittera pas pendant toute la durée du séjour.
Il faut dire que les conditions sont extrêmes.
Les courants sont très violents. La Birmanie est réputée pour abriter de forts courants mais là c’est exceptionnel selon les dires du guide le plus expérimenté. La faute à la pleine lune qui en rajoute une couche..
D’ailleurs, le plongeur de la croisière le plus chevronné, avec 700 plongées à son logbook, me confiera que ce sont les plus difficiles plongées qu’il a jamais effectuées.
C’est bien ma veine, moi la petite plongeuse avec ses misérables 60 plongées..
Donc je ne vais pas mentir, à chaque plongée il a fallu que je lutte contre le courant. Il y en a tellement que l’on peut même difficilement s’accrocher pour prendre des photos ou pour chercher les petites bêtes.
Je suis concentrée sur comment ne pas perdre mon guide qui avance sans trop se soucier de ce qui se passe derrière. Il estime que nous sommes tous des plongeurs autonomes et que avoir un guide c’est « presque » superflu car en théorie on en aurait même pas besoin. Je ne suis pas du tout d’accord et lui fait savoir.
Je ne suis pas d’accord non plus quand il me dit que c’est à chaque plongeur de lui faire savoir la consommation d’oxygène.. Donc, en résumé, c’est à moi de palmer encore plus fort contre le courant pour essayer de rejoindre mon guide à 15 mètres devant et lui dire au bout de 5 minutes d’efforts que je suis maintenant à 70 bars (ahh non, ben avec la lutte contre le courant, je suis désormais sur la réserve).. alors que ce serait bien plus simple de se retourner et de demander à chacun sa conso d’air..
Bref.. Il y a eu des moments sous l’eau ou je me suis vraiment énervée car je me suis sentie à plusieurs reprises en danger. Alors que j’étais la moins expérimentée.
Le coté plaisir de la plongée n’était plus vraiment présent.
Je me voyais plutôt dans Survivor avec en gros titre sous les images de moi luttant sous l’eau : « S’en sortira t’elle ? » avec la voix grave annonciatrice de catastrophes.
Enfin, que voulez vous, j’ai réussi à faire mes 3-4 plongées par jour et malgré tout, quand on était à l’abri du courant protégés par un mur, j’ai quand même profité.
Pas de gros, donc un peu déçue à ce niveau là mais une raie (je connais pas le nom en francais; en anglais: blotched fantail stingray) et un requin à pointes blanches qui somnolait.
La raie Manta tant espérée me boude encore. La gracieuse se fait attendre.
En revanche, un de mes plus beaux moments a été quand, fatiguée de lutter contre les courants entre deux roches, un banc de barracudas m’entoure et nage autour de moi. 2 minutes de bonheur total encerclée par mes potes les barracudas. Rien que pour ces minutes là, plonger en Birmanie vaut le coup !
Les murs sont superbes, les coraux de toutes les couleurs abritent petits poissons et.. nudibranches !
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Halgerda Sp. |
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Phyllidia Ocellata |
Et puis, un des gros atouts de la plongée en Birmanie est qu’il n’y a.. personne. Cela fait un choc après la plongée en Thaïlande où chaque site est pris d’assaut par 4-5 bateaux au minimum.
Il y a indéniablement un coté aventurier, sauvage dans le fait de plonger ici. Tellement de sites à découvrir. Un paradis pour plongeurs chevronnés.
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Un site de plongée en Birmanie.. |
L’avenir de la plongée dans la mer Andaman est sans conteste la Birmanie. Dommage que pour l’instant cela soit si cher.
Enfin, les paysages que l’on traverse sont dignes des plus beaux. Des 800 îles de l’archipel Mergui, 95% d’entre elles sont inhabitées, sauvages. ¨Plages de sable blanc qui donnent envie de tout quitter pour jouer les Robinson Crusoé pour un mois ou pour toute une vie.
D’ailleurs, on s’arrête sur l’une d’entre elles. Une île protégée par une baie où cohabite une vingtaine de militaires et de pécheurs.
Quand notre bateau se faufile dans la baie, je suis ébahie. La plus belle plage jamais vue, la plus belle baie (Ko phi phi peut se rhabiller), la plus belle eau. L’impression d’être incroyablement privilégiée car les îles sont encore interdites aux touristes.
Euhhhhh… il faut vraiment repartir, là?
La Birmanie est vraiment un pays extraordinaire à tout point de vue. Quand on vient chercher nos visas à la frontière, on reste une petite heure sur cette ville birmane, Kawthoung. Ce sera l’occasion de vérifier une dernière fois la gentillesse des Birmans. Une vielle dame édentée qui m’offre son thé tiède avec toute la bonté du monde.
Et pendant ces quelques jours, il m’est arrivé que des petits malheurs.. Mon détendeur avait un souci, je n’ai pas pu l’utiliser. Sur les deux diffuseurs de flash que j’avais, j’en ai perdu un sous l’eau et l’autre s’est cassé en deux.. J’ai perdu tout simplement mon masque tombé dans l’eau.. Je me suis brûlée par le corail. J’ai aussi perdu mon appareil photo en pleine plongée qu’a recupéré in-extremis un de mes camarades.. J’ai une blessure au pied à cause de palmer contre le courant avec des palmes inadaptées. J’ai cassé mes Havaianas !
En gros, que des bêtises…
Merci de me lire.
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