Il y a des jours où je ferais mieux de rester au lit et j’aurai dû le faire ce jour-là. Mais au lieu de cela, j’ai un avion à prendre, direction Manille, Philippines.
Et cela a été très compliqué.
Il est tôt et je suis fatiguée ce matin là.
À l’aéroport de Bangkok, je me présente, sûre de moi, au comptoir d’enregistrement, une petite heure avant le vol.
Et là.. on demande à voir.. mon billet retour..
Comment ça un billet retour ? Je voyage sans billet retour depuis bientôt 6 mois, j’ai pris mon billet pour Manille il y a 2 jours. Comment veux tu que je te présente un billet retour alors que je ne sais pas combien de temps je vais rester aux Philippines et que j’avance dans mon voyage au fur et à mesure de mes envies ?
J’essaye de baratiner l’hôtesse. Une histoire de bateau dont je n’aurais pas pu prendre le billet par avance parce que le site internet n’accepterait que les cartes bleue philippines.. (histoire improbable sortie je me demande comment et inventée en deux secondes..). Du grand n’importe quoi.
D’habitude, ça marche. Mais decidemment aujourd’hui je ne suis pas au sommet de ma forme et l’histoire ne prend pas du tout. Elle appelle donc sa chef à qui je raconte la même histoire farfelue. Elle non plus ne croit pas du tout à mon charabia, surtout quand je lui sors que mon bateau est sensé partir du sud des Philippines pour l’Indonésie.
Évidemment qu’elle ne peut pas y croire à mon histoire vu qu’il n’existe PAS de liaison maritime entre les Philippines et l’Indonésie. C’est bien ma veine.
Prise la main dans le sac, la nana me met la pression : soit je lui présente un billet retour dans les prochaines 15 minutes, soit elle me refuse l’embarquement sans possibilité de remboursement du billet.
Au prix du billet, et vu que ma technique grossière de « viens là que je t’embrouille » est un échec complet, Il est temps d’agir.
Et j’ai exactement 15 minutes pour cela. Cela ressemble à.. une nouvelle mission impossible contre la montre. Vous connaissiez les 12 travaux d’Hercule, je vous présente les 10 obstacles d’Emilie !
Je mets donc de coté la fatigue et je mets mon cerveau en action pour ce parcours d’obstacle.
1er obstacle, M- 15 min : Trouver une compagnie d’avion qui offre un trajet pas cher entre les philippines et un autre pays, n’importe lequel. → J’opte pour Airasia, la compagnie low cost d’Asie.
2ème obstacle, M-14 : Trouver le comptoir d’Airasia dans cet immense aéroport.
3ème obstacle, M-13 : On m’indique le comptoir… à l’autre bout de l’aéroport…
4ème obstacle, M-12 : Les japonais se sont donnés rendez-vous pour me barrer la route ce jour là. Je cours comme une dératée à travers l’aéroport, slalome entre les bagages et bouscule quelques japonais au passage tout en me disant : « Mais pourquoi moi ??!! ».
5ème obstacle, M-9 : Le sol glissant qui a failli me coûter une nouvelle chute mémorable.
Mais finalement, au terme de cette course effrénée, j’arrive au comptoir. Vous pensiez que c’était bon. Mais non…
6ème obstacle, M-8 : Je me rends compte qu’il y a.. 6 personnes devant moi et qu’il faut que je prenne un ticket. Je me dis que c’est foutu. Mais je tente le tout pour le tout et je vais voir le prochain mec à passer en lui racontant mon histoire et en rajoutant l’air le plus désespéré du monde. Il accepte, un peu à contre cœur, de me laisser passer.
7ème obstacle, M-7 : je suis enfin devant l’hôtesse d’Airasia qui me dit… d’aller faire la queue comme tout le monde. Et ohhhhh, ça va là, arrêter de vous liguer contre moi ! Et hop, encore du temps de perdu à convaincre la réticente de bien vouloir me vendre un billet d’avion maintenant.
8ème obstacle : M-5 : Elle me présente un billet d’avion à.. 200 euros ! Arghhhhhh… Mais non, il faut qu’elle me trouve une autre route, n’importe laquelle mais beaucoup moins chère !
Enfin, elle me présente un billet entre les Philippines et la Malaisie pour 57 euros. Je ne connais ni la ville de départ ni la ville d’arrivée mais de toute façon, comme je n’utiliserai pas ce billet..
9éme obstacle, M-3 : Vas-y que je me retape la course du retour pour regagner le comptoir de ma compagnie, toujours à l’autre bout de l’aéroport.
Il est pile l’heure limite imposée par cette abrutie de superviseuse, je suis en nage mais je lui présente mon billet retour. Et elle accepte que je me fasse enregistrer..
10ème obstacle : je suis évidemment la dernière à enregistrer. Et là l’hôtesse me dit que l’embarquement a déjà commencé et qu’il faut que je me dépêche car la porte d’embarquement se trouve être la plus éloignée de l’aéroport.. Pfffffffffff…..
Énième course.
Je monte la dernière dans l’avion. J’attache ma ceinture, pose ma tête contre le hublot et me dis qu’aujourd’hui, pour plein de raisons, j’aurais mieux fait de rester dormir à Bangkok. Et je m’endors pendant les 3h30 de trajet.
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Manille… |
Manille donc. J’ai 24 heures pour tenter de la découvrir. Et ce n’est pas chose facile.
Manille est une capitale immense, étendue. Pas de beaux bâtiments à découvrir. C’est à la fois gris et coloré. Pas grand chose se dégage de cette ville même si je pense qu’elle doit avoir de quoi offrir au voyageur patient.
Manille me fait un peu peur. Et pour me donner raison, partout devant les boutiques, restaurants branchés, bureaux et bâtiments officiels, on voit des gardes armés jusqu’aux dents.. Bonjour l’ambiance.
Pourtant, on me dit facilement bonjour. Les hello, good morning, how are you ? fusent. Et les Philippins qui parlent, ô bonheur !!, un anglais correct ont bien appris leur leçon de drague en me lançant des beautiful, I love you. Tout ça avec le sourire, c’est pas bien méchant. Mais une chose est sure : hors de question de me balader seule dans cette ville le soir.
Les Philippins sont catholiques ce qui les met dans une case à part en Asie. Des croix un peu partout, des vierge marie, des cathédrales et des églises sont érigées un peu partout. Finis les temples. Ça fait pas du bien.. mais presque.
J’avais déjà connu les jeepneys en Thaïlande mais les jeepneys à Manille, je les adore ! Croisement improbable entre jeep et bus, tout de chrome et de dessins en l’honneur de Jésus ou..de Dragon ball Z., ça pétarde !
Je suis fan.
Autre moyen de transport prisé : les tricycles ou moto-taxis (j’ai pris un de ces derniers. J’ai prié).
Il se dégage de Manille un petit air d’Espagne. Des noms des rues aux mots que les Philippins utilisent, en passant par la cuisine proposée, l’influence espagnole est présente et ça me fait du bien.
En 24 heures ici, j’ai même eu le temps d’aller dans un centre commercial histoire de m’abriter de la pluie. Immense. Tellement grand qu’il y a même un bingo. Dommage que je comprenne pas les numéros, je m’y serais bien posée pour une petite heure ou deux. Ben oui, j’avoue.. j’aime bien les bingo !
Enfin, je ne peux pas finir ce post sans parler de la pauvreté. On ne la voit pas forcement mais elle est palpable. Je ne sais pas où ils sont, mais des bidonvilles doivent exister. Et quand on voit des écoles mobiles, on se dit qu’il doit y avoir pas mal de gamins livrés à eux-mêmes. Triste.
Je dédis le titre de ce post à cette petite fille qui pleurait pour une raison inconnue dans une des ruelles de la ville alors qu’il pleuvait à torrents.
Je file vers le nord vers les rizières de Banaue. Encore un bus de nuit.. Et après, promis, je file sur les îles !
Merci de lire une rescapée de 10 obstacles.
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