L’humain est fou, sans limites, puissant, prétentieux… mais téméraire, curieux et résolument intelligent. Un drôle d’animal.
Je m’en rends compte alors que je suis à Hongsa, petite ville que je rejoins après 8 heures d’une (longue…) traversée sans encombres sur le Mékong.
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Repos bien mérité pour le cuisinier à l’arrière du bateau |
Hongsa était une de mes destinations phares car je savais qu’il était possible d’y voir des éléphants dans la jungle. Au départ, j’ai pensé à faire un trek à dos d’éléphant. Je me dis que cela doit être sympa de le faire au moins le faire une fois dans sa vie.
Il n’y a pas grand monde dans cette ville. En tout, nous sommes que deux touristes. Une allemande Margaret qui est dans la même guesthouse et moi. Elle aussi se renseigne pour un trek.
Mais j’ai une autre idée en tête : j’apprends qu’il y a des éléphants domestiques dans la région et je trouve cela mille fois plus intéressant d’aller les voir que faire un trek que je peux faire n’importe où ou presque en Asie. Et n’importe quand. Mais des éléphants qui travaillent dans les forets, dans 10 ans il n’en restera plus. Ces gros machins sortis d’une autre planète sont bien évidemment remplacés peu à peu par des machines sophistiquées. Aujourd’hui au Laos, l’un des derniers pays qui utilise les éléphants pour travailler: il y en a moins de 500.
Mais l’affreuse propriétaire très désagréable de ma guesthouse refuse d’organiser une journée à la rencontre de ces pachydermes car nous ne sommes que deux.
Grrrr.. Mais je ne me laisse pas abattre. Le lendemain de mon arrivée, avec Margaret, on se met à la recherche d’un office de tourisme ou centre d’information quelconque. Rien. Personne ne peut nous renseigner. Personne ne parle anglais. Après deux heures de recherches infructueuses, et malgré les contacts que j’avais établis sur le bateau avec les gens du coin, impossible d’organiser cette sortie. Bon, et bien, ce sera le trek. Dis c’est pas mal non plus !
On passe le reste de cette journée à marcher sous la même chaleur mortelle à travers les quelques villages alentour.
Et puisque c’est encore le nouvel an Laos, nous sommes invitées dans chaque maison ou presque pour nous offrir un thé ou plus souvent le lao-lao (je peux pas boire ce truc, c’est impossible. 40 degrés d’alcool).
Parfois, ils se mettent à chanter pour nous. Des moments généreux, sains et profondément chaleureux.
Dans un village où nous nous arrêtons pour grignoter un peu, quelques personnes viennent nous voir. Parmi elles, un jeune homme qui parle un très bon anglais, Souk. Dans la conversation, il m’annonce qu’il est un guide gouvernemental et qu’il organise des treks.
Ahhhhhh ??!!! Et des éléphants qui travaillent, c’est possible d’en approcher ?
Que dieu ou qui de droit bénisse Souk : oui, il peut organiser cela pour le lendemain, en plus pour un prix très raisonnable comparé à celui proposé par cette propriétaire vénale.
La seule condition : ne pas lui en parler vu qu’il travaille aussi pour elle.
Pas de souci, nous prenons rendez-vous pour le lendemain ! Je suis tellement excitée par cette journée que j’en dors à peine !
Un 4×4 est obligatoire pour accéder au village. Estimons-nous déjà heureux qu’on puisse prendre une voiture pour y aller. La route (ouais, enfin le chemin de terre..) n’a que 4 ans. Avant donc, c’était à pied qu’on devait se rendre du village à Hongsa. 8 heures de marche au travers de la forêt.
La matinée débute mal : panne de l’engin pendant une demi-heure suivi d’un accident avec un gamin sur son scooter qui tape contre le 4×4 de face. Heureusement le chauffeur avait déjà réussi à freiner. La gamin en revanche.. Enfin, il s’en sort plutôt bien malgré tout. On ramène l’imprudent et sa bécane au village voisin. Et on continue notre route.
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Le monstre.. en panne. |
Nous arrivons au village 2 heures après. Je cherche partout l’éléphant, qui ,enfin,… fait son apparition.
Et non, cet éléphant là n’était certainement pas le plus beau, certes il est un peu boiteux après s’être cassé la jambe et il n’était pas non plus le plus majestueux et impressionnant par sa taille. Mais moi je l’ai adoré cet éléphant ! Que voulez-vous, j’aime bien les cabossés de la vie…
Mais là ou je dis que l’humain est fou c’est que quand même, apprivoiser un chat, un canari, un chien.. je veux bien. Mais quel est l’excentrique suicidaire qui un jour s’est écrié : « Tiens, si j’apprivoisais un éléphant aujourd’hui ? ». Le penser déjà, c’est complètement insensé mais y arriver alors…L’humain est fou!
Enfin, c’est complètement surréaliste de voir un éléphant déambuler dans les rues d’un village quand même.
Voir cet éléphant à l’œuvre était vraiment un privilège. Car j’ai bien conscience que cela n’existera plus dans quelques temps.
D’abord, l’équiper.
Pas le temps de trainer, on voit à l’oeuvre l’éléphant domestiqué et c’est quand même assez impressionant de le voir obeir aux ordres d’un petit mahout d’une vingtaine d’années, tout gringalet.
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notre guide souk |
Et pour terminer , nous avons assisté au bain dans la rivière.
Le mahout, celui qui s’occupe de l’éléphant, et le guide m’ont poussé à aller près de l’éléphant. Tout habillée et en me disant que je ne ferai pas ça tous les 4 matins, je m’enfonce donc dans la semi-vase pour me mettre près de l’éléphant.. Mais quel est vraiment le but de cette démarche ?? Je me demande ce qu’il faut que je fasse à coté de ce pachyderme qui peut m’écraser le pied en un mouvement.
Et là, les amis, l’éléphant que j’admirais tant décide de faire son petit pipi. Enfin, petit… 80 litres d’urine déversés à un mètre de moi. L’eau déjà poisseuse commence à mousser autour de moi et tout le monde se marre bien.. hummm… ouais… Je suis assez dégoutée!
Donc tout ça pour la photo souvenir sauf que le guide n’a pas compris que ce qui était intéressant était d’avoir une vue d’ensemble de la scène et non pas un gros zoom sur ma petite personne..
Enfin voilà, je me suis fait pissé dessus par un éléphant pour avoir ce résultat là. Je ne sais pas si cela en valait vraiment la peine !!
Après cet événement, et avec la chaleur qui fait, c’est avec un plaisir fou que je prends une douche au puits du village. L’eau était si fraîche que j’aurai pu y rester des heures.
Quels beaux moments. Quelle belle journée…
U2 pour illustrer le titre de mon post.
Merci de lire une nouvelle amoureuse des éléphants.
PS : Message personnel à mon dentiste qui m’avait promis que l’état de mes dents ne susciterait aucun problème pendant cette année : je te DETESTE.
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